
Soliha Provence, ex-Pact 13, a porté un projet de structure sociale d’intérêt général, appelé Prytanes. Il s’agit d’un ensemble de logements, conçu comme un lieu de stabilisation pour de grands errants pouvant rencontrer des problématiques d’addictions. L’initiative est née dans le sillage de l’appel des Don Quichotte et de leurs tentes rouges sur le canal Saint-Martin à Paris, pendant l’hiver 2006-2007. Le gouvernement avait alors mis en œuvre un plan d’action renforcé aux sans-abri.
Logements passerelles pour stabiliser les grands errants
Ce financement national avait permis de lancer divers projets, tel Prytanes. Depuis 2008, cette structure sociale d’intérêt général permet de loger en colocation six personnes après des années de rue, avec en outre un accompagnement social en journée. C’est à partir de ce projet lancé en 2008 qu’un second, appelé Prytanes 2 a vu le jour en 2016.
"Venez comme vous êtes et vous serez logés"
Le principe de Prytanes est de s’adresser aux grands errants, toxicomanes ou alcooliques, en les accueillant avec éventuellement leurs animaux domestiques. "Le constat à l’époque est que face aux grands errants, en particulier ceux qui présentent de fortes addictions, un toit ne suffit pas, car loger n’est pas habiter : ces personnes, une fois logées, se trouvaient rapidement en situation d’expulsion pour diverses raisons liées à la longue période passée dans la rue, explique la directrice du pôle développement innovation sociale de Soliha Provence, Christine Charnay-Heitzler. Nous avons dû renforcer l’action sur le terrain de l’accompagnement social." Ce changement de posture professionnelle a consisté à reconnaître l’autre dans sa différence afin de nouer un lien. "Le slogan de notre action se résume ainsi : 'venez comme vous êtes et vous serez logés'", explique la directrice.
Villa au cœur d’un quartier
Une villa T4 rénovée est mise à disposition par Soliha Provence, à Luynes, dans l’agglomération d’Aix-en-Provence. L’association Habitat alternatif social gère le lieu et assure l’accompagnement social. Après des années de rue, six personnes y sont logées avec un accompagnement social en journée. Les soirées et les week-ends sont en autogestion. La résidence, entretenue par ses résidents, a généré une dynamique de voisinage positive, avec notamment des échanges de graines et bulbes à l’échelle du quartier, et même des repas de Noël partagés avec les voisins.
De Prytanes 1 à Prytanes 2, une conception pensée pour et par ses résidents
Lorsque la maison d’à côté a été à vendre, les partenaires du projet - Soliha, la mairie, le préfet, le CCAS d’Aix-en-Provence - ont travaillé sur une extension : Prytanes 2, qui a ouvert ses portes en 2016. Ce nouveau lieu d’accueil a été conçu par les équipes de Soliha, qui a exercé son métier de maîtrise d’œuvre, avec les équipes d’Habitat alternatif social. Et aussi avec les résidents de Prytanes 1. La maire d’Aix-en-Provence a accordé une dérogation au permis de construire afin de permettre la construction d’un étage. Le nouveau bâtiment est composé de 9 studios de 27 m², d’un lieu collectif et d’espaces extérieurs communs comprenant un jardin et un poulailler.
Construction passive, douches à l’italienne
Dès le départ, Habitat alternatif social et les résidents ont soulevé la question de la précarité énergétique. C’est pourquoi le projet se veut une maison passive, détenant le label Bâtiment durable Méditerranée de niveau Or en phase conception. Autre recommandation : l’aménagement de douches à l’italienne. En effet, les personnes souffrant de consommation chronique et massive d’alcool et de produits stupéfiants peuvent avoir des difficultés à se mouvoir.
Rassurer et associer le voisinage
Ce travail de collaboration a également intégré des rencontres avec les habitants du quartier. "Il ne faut pas nier les difficultés, les voisins avaient peur de perdre leur tranquillité et de voir la valeur de leur bien baisser, nous avons cherché à sortir de cette crainte", poursuit-elle. L’exemple de Prytanes 1 a été un atout.
Solutions pour les collectivités locales pour des publics difficiles à loger
Un tel projet offre aux collectivités des solutions pour des publics qu’il est difficile de loger. L’une des réussites des projets Prytanes est de rompre l’isolement des personnes et de les resocialiser. Plus de 70% deviennent locataires d’un logement "classique" et conservent des liens avec la structure, comme le résume la directrice : "Ils font partie d’un collectif, mais retrouvent aussi une vie." Le projet Prytanes 2 a été lauréat du Geste d’argent 2018.
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